Allier : pour briser la solitude, de plus en plus de Bourbonnais parlent à des pompes aux grattons
De plus en plus de Bourbonnais échangent avec des pompes aux grattons pour briser leur solitude et leur destinée tragique, celle de vivre dans le département.
Dans l’Allier, la vie n’est pas facile. Des milliers de Bourbonnais souffrent de leur isolement et ont conscience de résider sur un territoire loin des conforts de la société moderne. Les échanges sont rares, les voyages peu fréquents et surtout inutiles. « Partir de Commentry pour aller à Montluçon, c’est comme tomber de Charybde en Scylla », explique un local. Alors, pour tromper l’ennui et conjurer le sort, les habitants sont de plus en plus nombreux à parler avec leurs seuls interlocuteurs respectables : des pompes aux grattons. Ils les disposent sur une petite table, se mettent en face et entament une conversation à sens unique.
Un discours constructif
Ce qui pourrait se présenter à première vue comme un aveu de faiblesse est au contraire une façon se retrouver le moral et de se réconcilier avec son identité. « Je me sens plus à l’aise, on peut évoquer tous les sujets, je ne suis jamais contredite. Je vous assure que je peux avoir un discours constructif », raconte Simone Broubrouse, résidente à Charroux. La pompe aux grattons, au-delà d’être appétissante, présente surtout des intérêts sociaux : elle reste disponible, à l’écoute, et reste emblématique d’un territoire vers lequel les locaux cherchent à renouer. Des centaines de Bourbonnais devraient prochainement se mettre à parler à ces brioches de gras. Cela devrait enfin permettre de voir un peuple soudé et heureux. Attention cependant, de nombreuses conversations ont parfois été malencontreusement écourtées « J’ai mangé mon interlocuteur au bout de deux minutes, je n’ai pas pu résister », conclut Hervé Glouton.