15 employeurs assaillent un chômeur sur le trottoir
Thierry-Jacques Dumond, 23 ans, chercheur d’emploi, ne pensait pas que le destin irait à sa rencontre aussi vite.
Au petit matin, Thierry-Jacques traverse la rue pour prendre le bus. Il repère alors des individus dissimulés dans des endroits improbables (derrière l’arrêt, sous une chaise de bar, dans le cabas d’une dame âgée…), comme prêts pour une embuscade. C’est au moment où M. Dumond vérifie les horaires de passage que ces ninjas modernes lui sautent dessus et lui proposent tous à la fois des postes divers et variés comme garçon d’écurie, modèle de nu pour des cours de dessin, inspecteur des impôts…
Mais parmi toutes ces offres alléchantes et sous-payées, une seule a su retenir l’attention de Thierry-Jacques : celle d’homme-sandwich pour un nouveau magasin d’espadrilles basques.
Un contrat précaire plein d’avenir
C’est donc dans l’heure qui a suivi que le jeune homme a signé son tout premier contrat de statut précaire (comprenez par là, un intérimaire) aux horaires flexibles et aux conditions dramatiques. Mais Thierry-Jacques ne s’arrête pas là. « C’est du boulot, nous confie-t-il. Le chantage à l’emploi a finalement eu raison de moi et ça me permet de commencer quelque part. Allez savoir, peut-être que je passerai fabricant d’espadrilles par la suite ? » C’est donc plein d’enthousiasme pour l’avenir que M. Dumont scande les vertus et les bienfaits de ces souliers, avec affiché à l’avant de son sandwich « Prenez votre pied en main » et à l’arrière « Entrée gratuite ». Comme quoi des fois, il suffit de traverser la rue pour trouver n’importe quel emploi.