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L’hospitalité, thème phare d’Effervescence : la mairie a mis les grands moyens

L’hospitalité était la thématique choisie par la Ville de Clermont-Ferrand pour son grand projet Effervescences. Ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de gens du monde entier.

Ayant eu vent de ce choix, des centaines de personnes ont préféré quitter leurs pays et des conditions de vie pourtant idylliques (le Cameroun, la Guinée, l’Albanie ou encore l’Irak sont connus pour être des pays d’une grande stabilité politique dans lesquels chaque personne perçoit 10 000 euros par mois de salaire et bénéficie d’un accès privilégié à une plage de sable fin) pour venir s’installer à Clermont-Ferrand à la renommé internationale depuis que le Journal de Mickey lui a consacré un encart dans son numéro du mois de juin 2017.

Des moyens inédits

La Mairie n’a pas hésité à tout mettre en œuvre pour se montrer à la hauteur de son ambition affichée. Ainsi, jusqu’au 22 octobre, les nouveaux arrivants ont été royalement logés dans une œuvre contemporaine éphémère composée de structures légères modulables aux coloris chatoyants. « C’est le grand luxe, nous confiait alors Amita, qui partageait une tente avec son mari, leurs deux enfants et quatre autres familles. On fait du camping, on cuisine au feu de bois et on ne se lave pas, comme les bobos ». Au point d’agacer certains Clermontois : « Cet été, j’ai payé 2 000 € pour un séjour « Retour aux sources » d’une semaine, nous dit Herbert. Eux, ils font la même chose pendant deux mois, et ils ne payent rien. Mais bon, si c’est ce qu’il faut faire pour devenir capitale européenne de la culture, alors c’est pour une bonne cause. »

Après les « rendez-vous secrets », les « hébergements secrets »

Suite à la fin de l’événement dit « Tour de Tables » qui visait à créer du lien entre les habitants des différents quartiers, la mairie a également démonté l’installation de la place du Premier Mai. « La beauté est dans l’éphémère », nous explique le directeur d’Effervescences. « L’œil du visiteur est saisi par la fugacité de l’instant et la fragilité évidente de l’œuvre face à un renouveau imminent. C’est pourquoi les personnes qui ont bénéficié des structures légères modulables aux coloris chatoyants ont été conduites vers d’autres performances artistiques. » Cette fois, loin des regards, le mystère s’ajoute à l’éphémère. En effet, la ville de Clermont-Ferrand a tenu à reprendre le concept des « rendez-vous secrets », grands succès de 2017, pour les adapter au thème de l’hospitalité. Ainsi sont nés les « hébergements secrets ». « C’est très excitant », nous assure Cunégonde, bénévole au Premier Mai depuis début septembre. « On a accompagné ces personnes pendant deux mois, on leur a donné du temps, des couvertures, de la nourriture, on a écouté leurs histoires, on a créé des liens forts… Et maintenant on ne sait pas où elles sont et on n’a plus le droit de leur rendre visite. C’est vraiment bien pensé. À mon avis, le directeur artistique a voulu nous faire réfléchir sur l’évanescence des relations humaines face à l’avancée implacable d’un système arbitraire, et il a réussi. »

D’une performance à une autre

On sait cependant que certaines personnes ont été accueillies dans d’autres structures moins légères, moins modulables et aux couleurs moins chatoyantes au terme d’une performance artistique intitulée « Migration vers un gymnase », en étroite collaboration avec un dresseur moldave de punaises de lit. D’autres, mineures, ont été dirigées vers de plus classiques chambres d’hôtel – mais toujours avec cette dimension éphémère qui fait le charme d’Effervescence : ils ne savent pas quand, de demain, de la semaine prochaine ou du mois prochain, leur installation prendra fin. Des mesures ont été prises pour que cette incertitude ne perturbe pas leur scolarité : l’Aide Sociale à l’Enfance les a dispensés d’école afin qu’ils puissent pleinement profiter de la fête.

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