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Grève : Edouard Philippe et un fonctionnaire tombent d’accord

« Une journée de grève, ça nous en touche une sans faire bouger l’autre ». C’est par cet hommage à Jacques Chirac qu’aurait commencé le conseil des ministres mercredi dernier. À sa sortie, Edouard Philippe s’est voulu rassurant face aux journalistes en des termes plus lisses. Après avoir recoiffé sa mèche fantôme dans un miroir de l’Elysée, il a déclaré : « On a tout anticipé, même si les fonctionnaires organisent d’autres journées d’action, ça ne nous empêchera pas de travailler. De toute façon, aucun de nous ne vient au boulot en transport en commun ».

Lucas, professeur d’histoire et géographie dans un collège du Puy-de-Dôme, interrogé ce dimanche matin sur le marché d’Aubière, est du même avis : « Au fond, une journée d’école en moins, ça distrait les gosses ». L’enseignant ajoute en aparté  :  » Pour le reste de la fonction publique, c’est kif kif. Un malfrat qui va prendre 20 ans de taule n’est pas à un jour près. Et si vous vous cassez la jambe, vous serez plâtré même si l’hôpital est en grève».

Notre journaliste lui a fait remarquer que la SNCF possédait le pouvoir de paralyser réellement et durablement le pays. Ce à quoi le fonctionnaire a répondu exactement comme aurait pu le faire Edouard Philippe : « Plus pour longtemps, l’ouverture à la concurrence devrait lui être fatale d’ici quatre ans ». La proximité du discours entre l’exécutif et l’agent de la fonction publique nous a arraché une larme.

Cette semaine, l’entente entre le gouvernement et les syndicats a été aussi à deux doigts de faire son coming out. Depuis plus de 20 ans, les syndicats tentent de convaincre les agents du service public de faire grève sans trop y croire. Cette fois encore, les organisations syndicales ont réussi à masquer leurs profonds doutes existentiels en s’opposant sur le fond à défaut d’être efficaces sur la forme. Mais combien de temps pourront-ils encore tenir ?

Les techniques modernes pour rendre la grève plus sexy semblent toutes échouer (les barbecues géants, l’Internationale le poing levé, ou encore les répétitions compulsives de slogans chocs comme « non non et non ! »). Même les noms des syndicats tombent peu à peu dans l’oubli. Un fonctionnaire désabusé explique : « Au début, je croyais que Sud Rail était un groupe de musique algérien ».

La plupart des fonctionnaires sont en effet d’accord avec le gouvernement, « Une journée de grève, ça ne sert à rien ». C’est la raison pour laquelle beaucoup d’entre eux n’ont pas fait grève, même si tous sont mécontents.

 

 

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