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Deux artistes d’art contemporain peignent les feuilles de la forêt de Tronçais pour « accélérer le temps »

L’artiste tchèque Vladenav Provok et son compagnon Iolgi peignent depuis plusieurs jours les feuilles des arbres de la forêt de Tronçais, dans le cadre d’une réflexion sur le temps.

Pour Vladenav Provok, il existe deux temps : le temps naturel et le temps anthropique. Ce dernier est celui qui pense, songe et interprète, et seul l’art lui offre un regard visuel concret. A cet effet, l’artiste et son compagnon Iolgi, connu dans les sphères privées sont le  nom de Foutaj Deguel, ont décidé d’offrir une performance artistique inédite dans la forêt de Tronçais, dans le nord de l’Allier. « Nous avons décidé de peindre les feuilles d’un jaune orangé mourant,  une par une, plus particulièrement sur les arbres qui n’avaient pas encore de teinte automnale », explique V. Provok. Le but est simple : montrer que l’art offre une dynamique temporal qui accélère le temps naturel, si ce n’est l’accompagne.

« Nous dérangeons, et cela prouve ainsi que c’est de l’art »

L’initiative est une véritable réflexion philosophique. « Notre peinture n’est qu’une manière ontique d’offrir la couleur autrement que celle proposée par la nature. L’art sera automne, et l’automne sera un art. Nous suivons la nature sans pour autant être l’arbre, et l’arbre se colore sans pour autant être nous. Nous sommes deux sphères évanescentes qui se subjuguent dans deux parallèles irréconciliables, à la fois pleines de promiscuité mais en même temps séparées par l’immoralité matérielle de l’existence », explique l’artiste. La performance, exceptionnelle par son ampleur (10 000 arbres peints et la série continue) a le don de faire réagir, mais les locaux et les responsables du parc de Tronçais restent très critiques. Mme Provok se défend, et n’est pas étonnée. « Nous dérangeons, et cela prouve ainsi que c’est de l’art. Et je dirais même plus que l’anamorphose logiciste de notre ouvrage pictural s’approche surtout d’une révélation scientifique et philosophique puissante, qui bientôt sera reconnue internationalement. Les paysans râlent, car ils n’ont simplement pas la sensibilité de l’art et la réflexion suffisante », conclut-elle.

Les deux artistes devraient terminer leur performance dans deux semaines. Ce projet, qui aura coûté trois millions au département de l’Allier, aura eu le mérite de mettre un coup de projecteur sur la forêt de Tronçais et de révéler enfin le caractère noble et intellectuel de l’art.

 

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