Nous l’appellerons Monsieur X. Ce montluçonnais a eu le séant entre deux chaises pendant plusieurs semaines. D’une part, la joie étourdissante d’avoir trouvé les six chiffres du plus gros pactole jamais proposé par la Française des Jeux, et d’autre part, la profonde tristesse d’habiter Montluçon.
Car le règlement est strict sur ce point : avant tout paiement, la FDJ a l’obligation de remettre le panneau de deux mètres sur un, représentant le chèque et son montant, dans la ville où le gagnant réside fiscalement ; puis de faire une photo promotionnelle devant la vitrine de l’établissement où a été validé le ticket, avec l’équipe municipale, les majorettes, la fanfare, et bien entendu, l’heureux bénéficiaire devant “afficher un sourire convaincant et communicatif” (selon l’Article 25 du règlement).
Commentry ou rien
Heureux ? Pas tout à fait, car la FDJ, à la requête expresse de Monsieur X, avait demandé une dérogation à l’État, son actionnaire majoritaire, afin d’organiser l’événement dans une agglomération voisine plus festive, “quitte à ce que soit Commentry ou rien”, avaient précisé l’organisateur et le joueur. Défendant l’établissement dans lequel s’est finalement déroulée la petite cérémonie (dont le propriétaire n’est autre que son principal adversaire politique), le Maire a proposé au nouveau millionnaire un poste de conseiller “très proche des intérêts de tous” et a trouvé les mots justes en lui conseillant de “poser rapidement les édifices financiers dans une proximité attenante à une vision libérale d’un intérêt grandissant, autonome et discret”.
Une démarche payante qui a mis la ville de Montluçon sous les projecteurs, même si ces derniers étaient aussi puissants que le flash d’un appareil photo jetable.