Opération Sentinelle : « Entre deux patrouilles, on joue à la marelle »
Présents depuis plusieurs mois déjà, les soldats patrouillant dans la cité arverne s’assurent que la population ne risque aucune attaque terroriste. L’un d’entre eux, tenant à rester anonyme et que nous appellerons Christian, a tenu à se confier à la rédaction de La Mentable.
« Tout d’abord, il faut savoir que nous devons nous lever en pleine nuit, un peu comme des boulangers. Plus tard, nous recevons l’ordre de mission par l’adjudant. Nous devons alors marcher par groupe de 4 ou 5, avec tout le barda, qu’il pleuve ou qu’il fasse grand soleil. On a le doigt à côté de la gâchette, bien en évidence pour faire genre on peut s’en servir, on marche et on marche et on marche… Ce n’est pas tant que ce que l’on fait est inutile, au contraire. C’est plutôt… qu’on s’emmerde sèchement ! Il ne se passe jamais rien à Clermont-Ferrand… J’imagine tellement les terroristes se dire « Allez, on va faire péter un marché à Clamofarr…, Clermouff…, Kalmeurfar… Non, on laisse tomber en fait. »
« Il nous arrive de jouer à saute-mouton »
Christian poursuit son témoignage, l’œil morne : « Heureusement dans un sens qu’il ne se passe rien, ça démontre bien qu’on est en sécurité mais, dans ce cas, autant lever l’Opération et nous laisser rentrer à la caserne pour nous employer à plus utile. Quand on finit la patrouille, on rentre à la Préfecture, puis on a un peu quartier libre. Mais, en fait, quand on nous voit pas dans les rues, il nous arrive de jouer à saute-mouton ou à la marelle pour passer le temps. Et quand on peut, on s’entraîne à Call of Duty, histoire de pas perdre la main en situation dangereuse. Tenez, une fois, tellement plus personne ne faisait attention à nous, on a été accostés par un type nous demandant une pièce. Une autre fois, un représentant d’une asso bidon a voulu nous soutirer un billet et, récemment, je ne sais plus quelle religion nous demandait un chèque pour leurs bonnes œuvres… Mais le pire, ce que la population ne sait pas, je vais vous le confier… Avec les restrictions budgétaires, nous n’avons même plus les moyens d’avoir assez de munitions dans nos armes ! Dans le groupe, il n’ y en a qu’un seul qui a une ou deux balles, les autres font semblant. Allez engager le combat comme ça… »
Christian nous avouera ensuite que si son identité venait à être connue, il serait muté sur un site de surveillance en zone blanche, comme dans les Combrailles, en guise de punition.