Clermont-FerrandCulture

Art : Le FRAC Auvergne propose actuellement une exposition de masques usagés

Le Fonds Régional d’Art Contemporain d’Auvergne propose actuellement l’exposition insolite des oeuvres du moldavo-letton Sergueï Tougvpûry : des masques usagés, souvent abandonnés dans les recoins du musée, mais d’une valeur inestimable.

Jean-Charles Vergne, le directeur du FRAC, contemple longuement un masque artisanal en tissu abandonné à même le sol. « Il s’en dégage un véritable frisson. L’abandon, un âge passé qui pourtant ravive encore la peur, comme un néant qui s’emparerait de l’âme du bouclier qui l’en protège », analyse clairement l’expert. Il  nous invite à visiter l’exposition, tandis que lui reste encore 1h30 devant le mystérieux objet. Durant notre visite, nous découvrons des dizaines de masques, scotchés, cloués, agrafés, ou jetés. Bien sûr, tous sont des masques usagés. Le but : créer une immersion angoissante et captivante qui ôte à l’art son esthétisme au profit de l’émotion pleine de l’être face aux interrogations du monde.

Serpillère et salle des malades

Certaines salles suscitent l’admiration et l’inquiétude. Dans la salle des malades, un court métrage projeté sur un grand mur blanc diffuse les images de personnes atteintes du covid-19, toussant abondamment. Pour le regarder, il faut s’assoir sur un banc sur lequel est cloué tous les un mètre un masque FFP2. Un écriteau nous renseigne : « La distance accroit l’intemporalité. Elle souligne les maux d’une humanité déchirée par l’incommensurable légèreté de l’être, qui navigue entre chaos et résignation, mais qui ne ploie que sous ce qu’elle ne définit pas. » Dans une autre salle, nous découvrons une serpillère. Nous pensons à un clin d’œil à une précédente exposition. En réalité, il s’agit d’un masque de Clermont Métropole. « Le masque clermontois, proche d’une serpillère, annonce la fin expiatoire d’une recherche esthétique, finalement mort-né, qui cherche malgré tout à attirer l’empathie », renseigne Jean-Charles Vergne.

Nous repartons ébahis de cette visite, bien qu’un peu pâles et avec des premières quintes de toux.  Tous pourront profiter de la visite jusqu’au mois de septembre, avec la possibilité de jeter ses masques usagés dans « la salle du décès ontique ». Une idée originale de l’artiste Sergueï Tougvpûry, dont le corps est en exposition dans le hall d’entrée.

Laisser une réponse