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Uberflic : devenez policier d’un jour et arrondissez vos fins de mois

Chauffeur, livreur, babysitter… Depuis quelques années, chacun peut devenir prestataire de services pour quelques heures par le biais d’une application. En 2018, le phénomène s’étend aux professions de la sécurité. Nous avons rencontré Alexandre B., uberpolicier sur l’application Uberflic.

Des avantages… et des inconvénients

« J’adore la violence, mais je déteste la hiérarchie, nous explique Alexandre. C’est donc un parfait compromis pour moi. J’ai la légitimité de frapper mes concitoyens sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit. Je suis mon propre patron, c’est ça la liberté ! » Mais n’y a-t-il pas des contreparties à cette liberté ? L’intéressé répond : « Bien sûr, j’ai payé mon propre uniforme et mes propres armes, contrairement à ces assistés de fonctionnaires qui se font blanchir aux frais de l’État. En plus, ils ont la retraite et les arrêts maladie mais, ça, c’est pour les faibles ». Nous lui avons alors demandé s’il n’avait pas parfois un besoin de soins inévitables quand on exerce une activité à risque ? Il nous a confié : « J’ai un truc, je frappe toujours le premier. C’est comme ça que je m’en sors sans une égratignure. »

Des étoiles vite perdues

Comme toutes les applications de ce genre, Uberflic fonctionne avec un système de notation à cinq étoiles. Longtemps classé « expert » avec 4,9 étoiles, Alexandre a vu récemment sa côte baisser et s’est vu requalifier « confirmé » avec seulement 4,2 étoiles. Quand il en parle, l’émotion fait vibrer sa voix. « C’est ça, la véritable injustice, dit-il. Pour des raisons purement subjectives, parce que certains usagers n’aiment pas la violence gratuite, on perd une étoile, comme ça. Est-ce que, quand un fonctionnaire de police tabasse un innocent, les Français arrêtent de payer leurs impôts ? Non, ça passe quasiment inaperçu. Pour moi, la sanction est sans appel. Je perds plusieurs places dans le classement et ça fait mal, très mal. »

Un statut contesté

Uberflic ne fait cependant pas l’unanimité. Le syndicat VIGI-CGT Police a ainsi porté plainte contre le service en ligne, ainsi que contre Alexandre B., pour « usurpation de fonction » et « usurpation de signe réservé à l’autorité publique ». Mais ce dernier n’est pas inquiet : « Il y a quand même un point commun entre un fonctionnaire et un indépendant, philosophe-t-il, tant qu’on est un ami proche du président de la République, on n’a rien à craindre de la justice ».

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