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La chaîne des Puys à l’UNESCO : une vague de tourismophobie frappe déjà le département

A peine l’inscription de la chaîne des Puys au patrimoine mondial de l’UNESCO obtenue à Manama (Bahreïn), les auvergnats se plaignent de l’arrivée en masse des touristes et critiquent vivement leur attitude. Une vague de tourismophobie, d’ordinaire cantonnée aux Combrailles, secoue tout le département.

Pour René, qui se promène régulièrement dans la chaîne, les touristes sont omniprésents. « Vous voulez prendre une photo du sommet du puy de Jumes ou du Pariou, des touristes se jettent devant vous, certains font des selfies, d’autres crient : « De l’herbe, c’est incroyable ! C’est ahurissant… ». Même son de cloche pour Jacqueline, habitante d’Orcines : « Les parisiens arrachent déjà des minis carrés de jardin ou de sentier pour emporter, la chaîne se dégrade à vue d’œil. Avec le classement, ce sera une plaine dans moins de deux mois ! ». Un touriste des Yvelines, Jean-Charles, qui passait par-là ne semble pas de cet avis : « Où est l’amabilité auvergnate, sa solidarité ? Nous méritons bien de ramener un peu de verdure chez nous. Vous devriez pourtant comprendre avec votre capitale Clermont qui a pour but d’être aussi minérale que la région parisienne ».

Un manque d’hébergement problématique

Cette arrivée en masse des touristes, déjà sensible, est assez paradoxale compte tenu du manque d’hôtels, de gîtes, d’Airbnb ou de camping dont dispose Clermont-Ferrand et ses alentours. Les touristes viennent parfois en camping-cars, mais cela n’explique pas tout. Pour Sigismond Ocomplot, les touristes viennent du sous-sol. « Il ne faut pas chercher plus loin, ils se réunissent dans des mines secrètes et surgissent des cratères du Pariou et du puy de Côme la nuit, c’est évident ! »

Les travaux du tram et les pannes du panoramique : des freins naturels

Cyril Cineux, l’adjoint aux transports de Clermont-Ferrand tient à rassurer les locaux : « Nous avons pensé à tout avec le département. » En effet, les importants travaux qui bouleversent la cité arverne et les pannes récurrentes du renommé « panne au tragique des dômes » permettant l’ascension du Puy de Dôme sont autant de freins naturels au tourisme de masse. « J’ai mis une heure pour aller de Montferrand à la place Delille, c’est quoi ce délire ! », s’emporte un touriste marseillais. « Heureusement, quand je suis allé au Puy de Dôme avec mon épouse, on n’a pas retrouvé ces travaux à la con. Le panoramique est sorti des rails au retour et on est arrivé à la gare en deux minutes avec une quantité de fractures tout-à-fait correcte. »

Des fromages de contrebande fait en Normandie pour les touristes

Les habitants du Puy-de-Dôme tiendraient également à imiter la technique dite de « la fausse charcuterie corse », en proposant aux touristes de fausses spécialités locales vendues aux prix des vraies. Ainsi la plupart des fromages d’Auvergne vendus dans les grandes surfaces et les boutiques « ‘souvenirs » seront en réalité des fromages de Normandie déclassés, normalement destinés aux résidents de la Grande Couronne. « Attendez, ils viennent déjà en masse et ça nous gonfle, on va pas non plus leur vendre des bons trucs ! », conclut Fufrotin Mirmonton, fromager à Besse.

La vague de tourismophobie pourrait devenir un tsunami suite à l’inscription de la chaîne des Puys au patrimoine mondial… Rappelons que l’on estime qu’un site inscrit subit en théorie une augmentation de 20% de sa fréquentation. Les touristes sont prévenus.

©Wikimedia Commons

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