Culture

Patrimoine. Le nombre de spectres dans les châteaux français en net recul en 2018

La justice vient à nouveau de porter un coup dur au tourisme d’outre-tombe et autres vieilles demeures. Le comte Gaillard Delille de Lamartine a été condamné à verser des dommages et intérêts pour un montant de deux millions et demi d’euros à tous les plaignants, qui comptent dans leurs rangs d’innombrables touristes abusés et quelques dizaines d’habitants de sa commune terrorisés.

Un château qui avait hébergé la reine Margot au sommet de son art

Le comte avait ouvert son château aux visiteurs en novembre 2015 suite à une faillite personnelle et à un refus des monuments historiques de financer les travaux de toiture au motif que les bombardements de 1940 avaient non seulement détruit le toit mais aussi toute la maçonnerie de l’étage supérieur. Le comte avait alors organisé des visites du rez-de-chaussée du château, où les passionnés d’histoire slalomaient entre les plâtres effondrés et les cheminées arrachées, avec un argument historique de poids : le château avait hébergé la reine Margot une nuit entière, comme beaucoup d’autres, mais au cours de cette nuit elle avait couché avec son aïeul, sa femme, ses laquais et cuisiniers sans que l’histoire n’ait retenu l’exploit de cette femme, à la réputation certes légère, mais aux capacités physiques largement sous-estimées.

Mais les touristes ne surent pas apprécier ce récit érotique, détaillé de mille prouesses gourmandes et acrobatiques, transmis de génération en génération par les comtes Delille de Lamartine. Les familles  fuyaient la visite avant la fin à travers les gravats. Aucune école ne vint en sortie scolaire. Aucun club du troisième âge ne vint en sortie grabataire.

Un château hanté parmi les plus inquiétants de France

Le comte eut alors l’idée de hanter son château pour attirer l’attention et l’argent grâce à des hologrammes sortis de nulle part, des hauts parleurs cachés et des sorts qu’il jetait lui-même à tout-va en se prétendant possédé par les esprits torturés de la noblesse décapitée. Les ruines fichaient une trouille bleue à tous les amateurs de sensations. M6 et TFI vinrent tourner des reportages et les touristes curieux affluèrent. Le comte crut faire fortune.

Mais les plaintes s’accumulèrent. Les enfants du village en proie aux hurlements nocturnes des spectres étaient devenus insomniaques, les parents superstitieux, les plus fragiles paranoïaques. Accusé de supercherie nuisible au voisinage, le comte résistait grâce à la manne financière qui remplissait ses poches et vidait sa conscience. Il fut rattrapé par lui-même avant de l’être par la justice lorsque, emporté par son succès, il finit par croire à ses propres fantômes et répondit aux détracteurs que, on pouvait bien lui couper l’électricité, les spectres hanteraient toujours le château. Sur ce, EDF lui coupa l’électricité qu’il ne payait plus depuis 2015.

Le patrimoine plus que jamais en péril

Le château n’est plus hanté et le comte vient d’être condamné pour tromperie aggravée. Ce dernier n’a fait qu’un bref commentaire de la décision de justice : « Cela ne vous a pas suffi de nous couper la tête à la Révolution, vous tuez aussi nos fantômes », juste avant d’appeler Louis XVI à hanter le tribunal et EDF jusqu’à la fin des tribunaux républicains et de l’électricité.

 

 

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